Défilé Jean Paul Gaultier: le couturier évoque le Marrakech de Saint-Laurent

Paris - Le rideau s'ouvre sur une scène de hammam marocain. Au centre, un éphèbe allongé, une seule serviette autour des reins: le couturier français Jean Paul Gaultier a choisi jeudi le Marrakech d'Yves Saint-Laurent des années 1970 pour présenter à Paris sa collection de mode masculine.


Dans un nuage de vapeur, apparaît une figure de Saint-Laurent, reconnaissable à ses lunettes et sa minceur, accompagné de sa muse androgyne Betty Catroux, grande et blonde, "jouée" par un homme, fera remarquer le couturier après le spectacle.

Sur scène, dans des bruits de fontaine, une demi-douzaine de masseurs légèrement vêtus et leurs clients allongés sur le ventre. Arrivent des hommes sauvages, parfois barbus, cheveux longs, bien plus costauds que les habituels frêles jeunes gens des défilés homme.

De classiques costumes trois pièces, souvent avec des gilets brodés, alternent avec des tuniques ouvertes. "J'ai fait des sahariennes mais en cuir ou en maille. Il faut bien que je mette une touche Gaultier à tout ça!", plaisante Jean Paul Gaultier qui dit avoir voulu mélanger "la cité occidentale et la ville maghrébine". Ses babouches en cuir noir à lacets illustrent cette rencontre.

En mars, en plein débat sur l'identité nationale, le couturier avait déjà présenté une collection féminine métissée.

"Mes caftans ou djellabas, en coton ou en lin, s'apparentent davantage aux liquettes de grand-père ou aux chemises de smoking", explique-t-il.

Gaultier travaille aussi le cuir, choisissant des couleurs chaudes tirant sur l'orangé. Etonnant pour une saison estivale ? "Aujourd'hui il fait très chaud mais demain on sera peut-être en manteau ou en col roulé. On a besoin de vêtements légers et moins légers pour l'été", dit-il.

Suivent des combinaisons de garagiste, certaines violettes, des bermudas-jupe et même un kilt noir à bord rouge.

Le spectacle s'achève sur des imprimés psychédéliques à regarder avec des lunettes en 3D pour un "effet champignons hallucinogènes", dit le couturier.

"Enfin j'imagine... Je n'en ai jamais pris!", ajoute-t-il.