"Le bouclier vert" de Marrakech en danger

"Le bouclier vert" de Marrakech...En d'autres termes, sa Palmeraie.
Un bouclier, c'est fait pour protéger.
Marrakech, la ville rouge, objet de toutes les attentions, de tous les qualificatifs élogieux et flatteurs, Marrakech magique, séductrice, créatrice d'émotions, Marrakech "la perle chic du Maghreb"...
Que sais-je encore ?
Marrakech qui créé le rêve de loin, et l'attirance et l'étonnement de près...
Dès qu'on foule son sol, dès qu'on plonge dans cet univers qui n'appartient qu'à elle.
Et qui ne laisse jamais indifférent.

Alors, cette ville "hors du commun", a-t-elle vraiment besoin d'être protégée ?

La Palmeraie de Marrakech, luxuriante et généreuse...



La réponse est oui.

Protégée de quoi ou de qui ? de tout.
De tout ce qui peut nuire à sa beauté et à sa liberté.

A commencer par sa palmeraie qui fut luxuriante et généreuse...

Parce que les hommes en avaient fait un lieu qui devait résister à la chaleur, au manque d'eau et à l'aridité de sa terre rouge.

Cette palmeraie naquit de leur ingéniosité et de leur travail afin de s'adapter à la chaleur grâce au fabuleux système des khettaras.

Les khettaras, puits à ciel ouvert reliés entre eux par des canalisations souterraines qui amènent l'eau de la nappe phréatique "à fleur de sol par une pente plus douce que celle de la plaine" représentèrent un travail de titan , réalisé par des dizaines de milliers de puisatiers.

Le palmier-dattier, arbre symbole de la palmeraie donne les dattes, bien sûr et en plus, protège des rayons du soleil, les arbres fruitiers au-dessous, mais aussi les cultures céréalières et maraîchères.

Les dattes ou "le fruit du bonheur" car symbole de prospérité.

Mais aujourd'hui, à Marrakech, la palmeraie a perdu 60% de sa superficie en 70 ans.

"Le bouclier vert" de la ville rouge est tout simplement entrain de disparaître.

Urbanisation excessive avec la construction de villas et d'hôtels somptueux, golfs etc...

On dit aussi qu'il est du "dernier chic" d'acheter sur pied (et cela peut aller jusqu'à 6000 dh), un palmier adulte afin de le replanter dans son jardin...

Pourtant une zone non constructible a été préservée, avec un plan de reboisement...mais on a abandonné pratiquement la culture d'arbres fruitiers et de produits maraîchers.

Et le fabuteux système des khettaras mis en place par les Almoravides et qui avait permis de créer cette palmeraie est aussi laissé à l'abandon.

Alors l'attrait de l'exotisme, peut-être, mais jusqu'à un certain point !

Tourisme oblige ? Notre liberté, pourtant, s'arrête là où commence celle des autres. Apparemment certains l'ont oublié.

On ne peut pas continuer à "abîmer" un lieu qui fut luxuriant et généreux, pour le plaisir de quelques-uns.

J'ose continuer à croire que l'argent ne peut pas tout acheter.

Côté face, de superbes villas entourées de palmiers...de fleurs et de golfs.

De l'autre, une palmeraie en danger, plus qu'en danger...

Croire que l'on peut encore préserver ce qui peut l'être encore, est-ce utopique ou réalisable, encore? Encore ?